mercredi 26 novembre 2008

Vicomte Adalbert;; mes voisins

Vicomte Adalbert


Sous l’œil agil’ de Gilles, François pince un accord
Si,do, si, ré, ré, si, - un bar et ses hublots,
Rue Philibert Lucot.

Au menu de ce soir, bœuf en daub’, jam-session,
Les copains du treizième y trouveront leur compte,
Y’aura mêm’ le Vicomte.

Adalbert pour les uns, Monseigneur pour certains,
Gigantesque sûr’ment, le bonhomme est un cas
On l’appelle Eurêka.

Il comprend tout et rien, sait mieux que vous et moi
Traduire en longs discours le pipi d’une mouche
En convulsant sa bouche.

Il pousse et puis il pond, des vertes, des pas mûres,
Des phrases z’en sautoir, des perles et bévues
Bêtises z’imprévues.

Et tous les gars l’écoutent, ou plutôt font semblant
Car bien loin de compter, le Vicomte décaisse
Sans faire un pataquès.

L’argent achète tout, et je suis dégoûté.
Tous les soirs Adalbert, les cinq doigts en râteau
S’essaye à la guitare, pauvre type bouché...


Je ne supporte plus, je remets mon manteau,
Quitte ces profiteurs, pour rejoindre mon lit
Douillet, Place d’Italie.


Tomi



Mes voisins


La moustache en bataille, les mains dans le fumier,
Arthur vient d’amender le sol pour ses fraisiers.
Il cultive avec art son tout petit jardin
Distribuant ses légumes à ses proches voisins.

Derrière ses rideaux, la commère du coin
Observe les allées et venues de la rue
Il ne se passe rien, pourtant elle est témoin
Et décrit avec soin le plus petit intrus.

Elle est sourde comme un pot notre Tatie Danièle
Elle râle sans arrêt, elle critique tout
Accroche tout le monde, on l’entend qui grommelle
Des tas d’insanités qu’elle pense peu ou prou.

Il existe pourtant au bout de la ruelle
Un couple de p’tits vieux que j’adore vraiment
Tu verras là Tomi, deux êtres exceptionnels
Qui depuis soixante ans vivent en parfaits amants.

Nicolas n’entend plus, Maryse perd la vue,
Ils ont quatre-vingt-sept et quatre-vingt-deux ans
De l’amour à revendre, sans nulle retenue
De les voir s’embrasser, ils en sont émouvants.

Lola

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