mardi 24 mars 2009

Pepe et Isabel ; voyage à Caceres

Pepe et Isabel

Mon cœur veut s’épancher ce soir, il veut laisser couler un torrent d’émotions. Nous avons fait ce long voyage et nous avons retrouvé toute la famille pour célébrer la mémoire de ma grand-mère Isabel.

Qu’elle soit rouge ou blanche, la balle qui vous a fauché a bouleversé la vie de grand-père et celle de mon Papa. Privé de sa mère mais aussi d’une sœur qu’il ne connaîtra pas, son destin lui fera endurer la vie d’un exilé, celle d’un réfugié. Mais Pepe apprendra à Ramon la dignité.

D’un précédent voyage à Cacérès, il n’avait vu qu’une pauvre tombe de terre battue. Il décida donc de faire transférer les cendres dans un caveau. Quelques cyprès entourent une dalle de marbre blanc. Il vient de disposer de petits cailloux noirs en forme de cœur : un grand et un petit. Je lui ai pris sa main et me tournant vers lui j’ai vu de grosses larmes rouler sur ce visage buriné.

Nul n’a parlé, nul n’a bougé ! Combien de temps sommes nous restés là ? La prière s’est voulue intérieure et j’ai aperçu sur son visage illuminé un sourire. J’ai frissonné lorsque tu as posé tes mains sur mes épaules. Ma peine était ta peine, ma joie était ta joie.

Lola


Voyage à Caceres

Je te laisserai parler, Lola, de Caceres, de sa Plaza Mayor et de l’église San Mateo. Je reste sous le charme de cette Estramadure que je connaissais si peu et que tu m’as fait découvrir.

Je n’oublierai jamais les rites qui fêtent tous les Saints, qui honorent les défunts, ces instants forts, non pas de tristesse mais de communion, ces allées plantées de soucis, ce pain que les familles déposent sur les tombes, sous un ciel bleu et un soleil sans voile.

Je n’ai connu la Toussaint qu’en Lorraine et à Paris. Tout est si différent dans le pays de tes ancêtres . Pepe s’y est tellement reconnu que l’on aurait dit qu’il ne l’avait pas quitté. Il faut avouer que de retrouver Isabel et cet enfant qui n’avait jamais vu le jour a chargé d’une intense émotion ces instants que je ne m’imaginais pas aussi simples et naturels.

Aucun geste superflu, tout était empreint de dignité et d’amour. Peu de mots, mais des regards, des sourires même, une phrase dans ta bouche, à peine audible, et tes yeux, tendrement posés sur la stèle : “Nous l’appellerons Isabel”

Tomi

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