vendredi 27 mars 2009

Solitude; la belle Irène

Solitude

Il rentre seul, ce soir, dans son appartement
Enfile ses pantoufles et ferme les volets
Regarde des portraits anciens de ses enfants
Ses souvenirs affluent qu’il ne peut contrôler.

Il sait sa mort prochaine, à quatre-vingt seize ans
Il croit la lutte vaine et veut payer comptant.
Il attend la faucheuse avec sérénité
Car il souhaite garder toute sa dignité.

Ses enfants sont partis pour parcourir la terre
Ou pour vivre leur vie comme font les enfants
Ils ont juste oublié de rentrer leur colère
D’oublier les querelles qu’ils font à leurs parents.

Cela fait cinquante ans qu’il vit sa solitude
Ses lèvres sont scellés, il n’a plus rien à dire.
Personne ne viendra ce soir, pour adoucir
Le chagrin qui le ronge et la décrépitude.

Lola



La belle Irène


Lorsque la belle Irène ameute le quartier
En promenant Socrate, bichon ventripotent
Ce n’est pas pour la frime, mais pour l’oxygéner,
Et les passants auront passé un bon moment.
Il en vaut bien la peine
Le toutou à Irène
Avec ses quatre pattes
Coincées dans des savates
Ses oreilles qui gagnent
Sur le passe-montagne
Sa queue emmitouflée
Dans un manchon doré
Je ne parlerai pas
De la couleur des bas
Qui montent jusqu’au tronc
Enrobé de crêpon.
Lorsque la belle Irène aère son bichon
Et que leurs flâneries agitent les quidams
Ce n’est pas que le chien qui draine l’attention
Ils remarquent surtout l’allure de la dame.
Affublée d’un manteau
De couleur menthe à l’eau
D’une crinière verte
Dont les boucles désertent
De chaussures à talons
D’un beau jaune citron
De collants à résille
Piquetés de brindilles
Sur la tête un bibi
D’un douteux vert de gris
Cachées dans des mitaines
Les mains de Mâme Irène.
Lorsque la belle Irène rallie son logement
Et que loin des regards elle serre son chien
Personne ne la voit pleurer en maugréant
“Tu es mon seul ami et je te le rends bien”.


Tomi

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